La DHEA (dehydroepiandrostérone) est une hormone produite à partir du cholestérol qui se transforme ensuite en différentes autres hormones, dont la testostérone et l’œstrogène. Or la synthèse de DHEA diminue naturellement avec l’âge : à 50 ans, son taux est à 50% de ce qu’il était à 20 ans, puis à 10% dès 80 ans. Quel est l’intérêt d’une complémentation anti-vieillissement ? Le point lors du congrès anti-aging et du congrès de la Société française de médecine anti-âge septembre 2007 avec le Dr Catherine de Goursac*.
- Quand donner de la DHEA ? La DHEA est intéressante car elle est à l’origine de la testostérone et de l’oestrogène. Et comme cette production hormonale est variable d’un individu à un autre, toute complémentation en DHEA doit être justifiée après un bilan biologique mesurant précisément les taux de ces différentes hormones. S’il n’y a aucun déficit, prendre de la DHEA n’a pas d’intérêt car elle n’aura aucun effet. Ce point est très important, sachant qu’aux Etats-Unis la DHEA est en vente libre. Or il faut savoir que certaines personnes n’en ont pas besoin car elles ont un taux naturellement élevé, alors que d’autres, parfois même plus jeunes, peuvent en avoir besoin. Il ne faut donc jamais prendre de la DHEA sans besoin réel, ni sans vérifier les effets. Soulignons également que certains sujets transforment plus facilement la DHEA en estrogène et que cette hormone est un inducteur de cancer du sein, et probablement de cancer de la prostate. Un premier dosage s’impose donc, suivi d’un second 3 mois après la mise en route d’une complémentation en DHEA, afin de constater l’impact sur la testostérone et l’œstrogène.
- Quelle est l’indication de la DHEA ? La DHEA est prescrite à dose pharmacologique (dosage élevé) dans le traitement du lupus érythémateux disséminé (maladie auto-immune rare), de la polyarthrite rhumatoïde et le syndrome dépressif. A dose physiologique (on rétablit le taux que l’on devrait avoir normalement), elle est indiquée en cas d’insuffisance surrénale et d’andropause. Mais selon le Pr Römler, endocrinologue à Munich, la DHEA a une action positive sur l’ostéoporose, un effet cardio-protecteur, elle augmente la masse musculaire d’où notamment des effets documentés en cas de sclérose en plaques, et elle diminue la masse grasse d’où son intérêt également en cas d’obésité. La DHEA protège le derme, elle diminue notamment le nombre de tâches cutanées dues aux expositions solaires, améliore l’état et l’épaisseur de la peau. C’est un anti-dépresseur, un anti-stress et un stimulant de l’immunité. Concernant le système cardiovasculaire, la DHEA augmente la sensibilité à l’insuline, laquelle diminue naturellement avec l’âge, ce qui est à l’origine d’un risque accru de diabète, d’hypertension et de syndrome métabolique. En augmentant la fibrinolyse (dissolution des caillots sanguins), la DHEA diminue aussi le risque de thrombose et donc d’accident vasculaire cérébral. A ce jour il n’y a aucune donnée concernant le risque de cancer du sein. Pendant longtemps en France, il a été dit, par mesure de précaution, qu’il ne fallait pas donner de DHEA à une femme ménopausée qui suit un traitement hormonal substitutif (THS). Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il est possible de coupler le THS et la DHEA, mais à la stricte condition d’un suivi biologique régulier permettant de contrôler les effets de la DHEA sur le taux d’estrogène. Et si celui-ci devient trop élevé, il convient alors de diminuer la concentration en estrogène du THS.
- Est-ce un médicament comme les autres que l’on trouve en pharmacie ?La DHEA est disponible en pharmacie sur prescription médicale. En revanche, elle n’est commercialisée par aucun laboratoire et ne fait l’objet d’aucune publicité. C’est ainsi que certains pharmaciens ne savent pas qu’ils sont autorisés à la délivrer. Il s’agit d’une décision du Ministère de la Santé pour éviter tout lobby financier. Au final, la DHEA est prescrite par le médecin sous forme de préparation magistrale.
- Existe-il des effets secondaires ? Le principal risque est le surdosage. Les effets secondaires de ce surdosage sont identiques à ceux d’un surdosage en testostérone, qui se traduit essentiellement par une accélération de la chute des cheveux, de l’acné, voire une augmentation de la pilosité du visage chez la femme (comme celle qu’elle avait ou aurait eu étant jeune). L’objectif est donc de trouver le dosage idéal. Pour cela, on procède par paliers et on s’arrête aux doses que la personne devrait avoir vers 20 ou 30 ans. Personnellement, je ne dépasse pas les ¾ de ce que la personne devait avoir à 30 ans. Ainsi par exemple, on s’arrête à 1.500 ng/ml chez les femmes, sachant que les jeunes femmes ont un taux de DHEA compris entre 2.500 et 3.000 ng/ml, et entre 2.500 et 3.500 ng/ml chez les hommes, sachant que jeunes, leur taux de DHEA est de 3.500 à 4.000 ng/ml. Il faut donc faire très attention à ne jamais dépasser les doses physiologiques. Pour obtenir de tels taux, on débute généralement par des doses de 15mg/jour chez la femme et de 25 mg/jour chez l’homme, puis on augmente progressivement jusqu’à respectivement 25 et 50 mg/jour. Dans tous les cas, cette prescription se déroule sous contrôle biologique, c’est-à-dire en réalisant régulièrement des dosages et des contrôles de la DHEA, des estrogènes chez la femme, de la testostérone et des PSA (antigène spécifique de la prostate) chez l’homme.